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Fondation Jacques-Edouard Berger
Avenue de la Harpe 12
Case postale 249
CH-1001 Lausanne
Switzerland
e-mail: fondationjeb@gmail.com

Cours-conférences Pour l'Art

Ces cours se développant selon trois axes parallèles: - l'analyse continue des grands mouvements, tendances, écoles, qui jalonnent le cours de l'histoire, - la lecture de certains hauts lieux et sites majeurs qui, de par leur importance, ont présidé aux mutations de l'esthétique, - l'étude approfondie des artistes, peintres, sculpteurs ou architectes, dont l'oeuvre est à considérer comme clé.

Chacun des cycles mentionnés compte quinze conférences:

  1. Les Enigmes de la peinture - Quinze oeuvres en quête de regard*
  2. Les voies oubliées (l'architecture et le sacré)*
  3. Les clés du regard (la peinture des grandes écoles)*
  4. Le génie des lieux (l'architecture et l'art des jardins)*
  5. Quinze pharaons en quête d'Absolu**
  6. Art et civilisation de l'Inde classique**
  7. Art et civilisation de la Chine classique**
  8. Splendeurs et misères du Génie (1780-1880)**
  9. Les fastes du baroque et du rococo*
  10. Art et civilisation de la Renaissance européenne*
  11. Art et civilisation de l'Egypte pharaonique**
  12. Le Japon, art et civilisation**
  13. L'art de l'Inde**
  14. L'Europe rocaille - le néo-classicisme - le romantisme - l'académisme - les révolutions esthétiques**
  15. L'aube d'un monde nouveau - la Renaissance en Italie - la Renaissance en Europe - le maniérisme - l'avènement du baroque**
  16. Rome - l'ère paléochrétienne - Byzance - le haut moyen âge - l'âge roman - l'âge gothique**
  17. La préhistoire - l'Egypte - la Grèce**

Rubrique Musée

Du fonds photographiques JEB*** a été extraite une collection d'images de principaux musées en Europe ( Allemagne - Angleterre - Autriche - Espagne - France - Italie - Portugal - Suisse), Turquie, Egypte, aux Etats-Unis, en Inde, Indonésie et Asie (Japon - Chine). Accès par le service

Rubrique Voyage

JE. Berger a mis sur pied de nombreux voyages en Europe, aux Etats-Unis, au Proche-Orient et en Extrême-Orient.

Tous les itinéraires ont été conçus de façon à privilégier une approche sensible des civilisations concernées, de leur culture, de leur religion, de leurs arts: sites archéologiques, monuments, musées et galeries y sont abordés en suivant les trois axes parallèles de l'histoire, de l'histoire des idées et de l'histoire de l'art, en préparant ou en prolongeant les visites par autant de conférences.

Le voyage est sans doute l'un des phénomènes de société les plus marquants de notre seconde moitié du XXe siècle; mais il convient de le considérer moins comme une ``heureuse parenthèse'' que comme un développement, ou mieux une révélation de notre conscience.

Le XXe siècle a tout inventé, dit-on. Il a surtout inventé le voyage: la Grèce est à nos portes, l'Egypte nous est à peine étrangère, et l'Inde se conquiert en moins d'un tour de cadran d'horloge. Qu'ils sont loin ceux qui, il y a cent ans à peine, prenaient des mois pour se préparer à tout, au départ, mais aussi aux traversées, au chaud, au froid, aux longues journées à cheval, aux bivouacs, aux dangers, à l'inconnu, qui arrivaient à Marseille ou à Toulon, face à la frégate qui devait les emmener, en se sentant déjà ``ailleurs'', qui revenaient au bout d'un an, de deux ans, de plus encore, arborant la moustache à l'ottomane, la prunelle persane de celui qui a vaincu les déserts, se campant, pour conter l'épopée à ceux qui sont restés, sur la dépouille d'un tigre, un pistolet oublié à la ceinture... Aujourd'hui, aller à Bombay se mesure en quelques milliers de pieds d'altitude, avec le Mont-Blanc à gauche, Naples si le temps est découvert, un désert, les méandres d'un fleuve, et le hurlement du train d'atterrissage. Il ne nous appartient pas, bien sûr, de regretter le temps des grands voiliers et de Philéas Fogg; mais nous voulons qu'avec nous, vous retrouviez l'émerveillement du voyage, que vous preniez conscience de ces voies qu'ont tracées pour nous Alexandre le Grand, Ptolémée le Géographe, Marco Polo, de la Grèce aux royaumes de l'Inde, à la conquête de l'horizon

Vous pouvez consulter les images archives du fonds photographiques JEB*** par le service

Rubrique Collection

Cette collection rassemble des objets d'Egypte (période prédynastique - ancien Empire - moyen Empire - nouvel Empire - nouvel Empire & Basse Epoque - Basse Epoque - basse Epoque & gréco-romaine - gréco-romaine - copte - XIXe siècle) de Chine (période néolithique - Shang - Zhou occidentaux et orientaux - Royaumes combattants - Han - Wei - Six Dynasties - Tang - Song - Yuan et Ming - Qing - XXe), d'Inde (XII-XVIIe - XVIII-XIXe - XIXe - XXe), d'Indonésie, du Japon, de Birmanie, du Népal, du Tibet, du Cambodge et de Thaïlande.

Rubrique Essai

18 sujets et/ou thèmes à découvrir ... avec cette certitude qu'un acquis de connaissances demeure le plus souvent stérile sans communication : tout savoir se doit d'être partagé avec les autres, qu'ils soient les auditeurs d'une conférence, les participants d'un voyage, ou, à plus forte raison, les visiteurs d'un musée ou d'une exposition ( on ajouterai aujourd'hui) virtuels

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*travail de transcription en cours disponible sur
**pas disponible pour le moment
***Fondation Jacques-Edouard Berger

  1. Amarna, capitale du Disque
  2. Pèlerinage à Abydos
  3. Portraits Romains d'Egypte: l'oeil et l'éternité
  4. Le monde symbolique des amulettes égyptiennes
  5. Savoir interroger les oeuvres
  6. Memphis
  7. Angkor - Le souffle divin des pierres
  8. Visite du stupa de Borobudur
  9. Les jardins enchantés de la Renaissance
  10. Shih-t'ao
  11. Shaanxi History Museum
  12. Ajanta
  13. Sandro Botticelli
  14. Caravage
  15. Le vertige Divin
  16. Johannes Vermeer
  17. L'oeuf et la perle
  18. Vénus et la musique de Titien
  19. Où trouver les oeuvres de …
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A. Collection Egypte

B. Collection Chine

C. Collection Inde

D. Collection Asie Sud-Est

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Jacques-Edouard Berger, né en 1945, a été brusquement enlevé par une crise cardiaque en 1993. Sa vie, trop brève, a été entièrement consacrée à l'art et à la beauté. Au cours de ses nombreux voyages pratiquement dans le monde entier, il a rassemblé des oeuvres d'art qui sont devenues sa collection personnelle, actuellement en prêt au mudac (Lausanne - Suisse). Il a également conduit (Voyages Pour l'Art) pendant des années des groupes sur le chemin des civilisations anciennes auxquelles il était particulièrement attaché, entre autres l'Egypte, la Chine, l'Inde, le Japon, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, à quoi s'ajoutent ses très nombreux périples tant en Europe qu'aux Etats-Unis.

Tout en partageant ses découvertes et sa passion avec ses compagnons de voyage, il n'a cessé de photographier les lieux et les oeuvres qu'il aimait. A preuve l'impressionnante collection de plus de 125.000 diapositives qu'il a réunies et dont il tirait la matière de ses cours et de ses conférences, qu'il concevait en fonction du pouvoir de révélation de l'oeuvre d'art. Perspective originale qu'on retrouve dans "Pierres d'Egypte" et "L'oeil et l'éternité", deux livres qui expriment le sens profond de l'Egypte. Conservateur quelques années au Musée des beaux-arts de Lausanne, il a organisé plusieurs expositions et rédigé nombre de préfaces et d'articles. Son brusque départ a provoqué une consternation considérable et a incité des amis à créer la Fondation qui porte son nom et dont le but principal est de répandre l'amour de l'art. World Art Treasures est une entreprise qui entend relever le défi.

"Il y a des hommes qui ont façonné notre conscience: Confucius, Bouddha, Platon, saint Augustin, Leibniz, Newton, plus près de nous, Tagore, Einstein, Bohr.

Il y a des oeuvres d'art qui ont frappé notre regard au point de métamorphoser notre perception de la réalité.

Evénements, hommes et oeuvres ont donc bâti l'Histoire. Mais l'oeuvre, et plus précisément l'oeuvre d'art, n'est-elle pas le révélateur le plus complexe et le plus fidèle de nos mutations?"

Les énigmes de la peinture

Tout tableau est énigme. Quel que soit le motif choisi, l'œil du peintre s'aventure aux limites du réel, de ce que nous appelons d'ordinaire le "réel"; c'est là précisément que commence l'aventure de la création la montagne Sainte-Victoire est un aride tas de caillasse; mais La Montagne Sainte-Victoire, telle que nous la fait voir Cézanne, se transcende en un formidable microcosme, où l'on retrouve la pierre originelle, modelée, froissée, broyée par le génie du créateur et par la pâte même de son pinceau.

Voilà bien le miracle de l'art porter le banal au sublime, le médiocre à l'absolu. Madame Moitessier, grande bourgeoise, fille d'un haut fonctionnaire de l'Administration des Eaux et Forêts, était sans doute tout à la fois bonne épouse et bonne mère, la taille un peu lourde, comme on les aimait en ces temps-là, le regard placide et le geste aussi lent que les passions. Dans l'effigie souveraine de la National Gallery de Washington, Ingres en a fait une Junon souveraine, à l'épiderme si lisse que les siècles, pour longtemps encore, s'y useront sans parvenir à aliéner l'évidente conscience de sa beauté.

Mais il est d'autres peintres aux voies non moins énigmatiques Fragonard, par exemple, maître adulé des Menus Plaisirs, qui abandonna sa touche élégante, rapide, caustique souvent, pour métamorphoser les fêtes de Rambouillet en vertigineuses errances au long des rapides d'un Styx ombrageux; Klimt, commandeur des élégances byzantino-japonisantes de la Vienne "sécessionniste", qui para forêts et clairières, jardins et rocailles, d'entrelacs aussi savants, aussi chatoyants, que ceux qu'imposait alors aux élues sa compagne Emilie Flöge.

Il en est enfin dont la carrière entière est mystère Bosch, le premier, dont les visions échevelées entretiennent aujourd'hui encore le débat des exégètes sommeil perturbé, rêves psychotiques, hermétisme à clé, ou message crypté? Giorgione, qui, dans un langage infiniment plus solaire, demeure tout aussi indéchiffrable, tant il était habité par l'humanisme savant de Venise, dont nous avons perdu jusqu'aux règles. Le Greco enfin, dont le maniérisme exacerbé n'est certes pas imputable à un quelconque défaut de vision, mais exprime plutôt l'impact d'un choc culturel ses origines crétoises, byzantines, entrant sourdement en conflit avec sa formation dans les milieux privilégiés de la Renaissance triomphante.

Le cours du présent semestre ne prétend pas répondre à toutes ces énigmes; il se propose d'interroger quinze œuvres dans leur perspective originelle, en tentant une lecture au second degré, qui tienne compte des données du temps, des idées, des croyances, du contexte culturel. Un Florentin du XVe siècle n'abordait pas la peinture de son temps, sa "peinture contemporaine", comme le visiteur d'un musée d'aujourd'hui Botticelli se situait à la lumière des Médicis en pleine gloire, de l'ascension de Cosme et de Laurent, de l'humanisme triomphant, de l'Eglise mise en crise par les premières prédications de Savonarole; il était alors le peintre d'un nouvel idéal, d'un idéal engagé, et non pas seulement le chantre mélancolique des Madones et des nymphes évanescentes!

Nous aborderons donc la peinture sur un mode "polyphonique", sans oublier pour autant que l'énigme peut s'étendre à bien d'autres dimensions de l'art :

Gageons que nous aurons bientôt à reparler de peinture!

Les fastes du baroque et du rococo

L'histoire du baroque et du rococo s'écrit en lettres de marbre, de jaspe, de bronze et de stuc dans toutes les capitales où s'est forgée l'Europe nouvelle à Rome, autour de la monumentale colonnade que Le Bernin fit ériger pour servir de propylée à Saint-Pierre, à Prague, sur le pont Charles où Braun, Brokoff et leurs élèves multiplièrent les effigies des saints patrons de la Bohême, à Vienne, où les perspectives de Schönbrunn s'étirent jusqu'à la Gloriette, portique impérial et vain, dont von Hohenberg fit le symbole de l'infaillibilité des souverains, à Berlin, à Paris, à Madrid, et jusque dans ces vallées ombrées de la douce Bavière, où des essaims de putti de stuc chantent leur bonheur de célébrer l'ordre divin.

Les hauts lieux du baroque déconcertent tout visiteur l'ampleur des chantiers, la hardiesse de la conception, la rigueur de la réalisation, laissent sans voix. C'est que, dira-t-on, le XVIIe fut le siècle du Soleil à son zénith par la grâce de Louis XIV, et qu'au XVIIIe brillèrent ces Lumières dont le règne de Louis XV fut comme auréolé. On en viendrait presque à oublier qu'en 1660, le roi ordonnait que soient brûlées Les Provinciales, et qu'en 1752, son successeur condamnait L'Encyclopédie! Faut-il en croire que les ténèbres sont proches parentes de la clarté? Peut-être Le Caravage l'avait-il pressenti en inventant, à l'aube du siècle, le clair-obscur, ce duel passionné du diurne et du nocturne, qui est le fondement même de la dramaturgie baroque.

Scénique au suprême degré, le baroque, et plus tard le rococo, jouent en toute maîtrise sur la complémentarité des contraires le vide exalte le plein, le plein fait résonner le vide; la volute et les entrelacs font vibrer la pureté austère des horizontales et des verticales; la lumière exorcise l'ombre, l'or fait résonner le blanc jusqu'à l'incandescence.

Quinze étapes, placées sous l'égide de quinze ½uvres clés, nous feront ainsi parcourir l'Europe, de la Rome de Sixte-Quint aux folies des parcs de Frédéric II de Prusse, avec quelques escales privilégiées, insolites ou attachantes, telle la forêt de Bethléem, en pleine Bohême, où un sculpteur de génie donna visages d'ermites et d'ascètes à la tourmente des rochers, telle encore la villa Palagonia en Sicile, qu'un prince illuminé ceintura de légions de monstres ricanants et grimaçants.

Au passage, nous retrouverons ces maîtres absolus dont on oublie trop souvent qu'ils participèrent eux aussi à l'épopée de leur siècle, Zurbarán, Vélasquez, Poussin, Rembrandt ou Vermeer.

L'histoire du baroque et du rococo s'écrit aussi en lettres de feu...

Les clés du regard

"Aux peintres et aux poètes appartient un droit toujours égal à tout oser", déclarait Horace, il y a près de deux mille ans.

Vingt siècles plus tard, le propos demeure étrangement vrai peintres et poètes ont su préserver non seulement leur droit, mais leur mission d'oser la nature privilégiée de leurs dons, ce que l'on appelle d'ordinaire le Génie, leur confère ce pouvoir inéluctable et comme fatal de s'aventurer sans cesse au-delà du quotidien, et de nous entraîner à leur suite, de nous guider vers d'autres contrées, d'ouvrir nos yeux à d'autres mondes.

Dans l'élan de leur création, certains furent soutenus par la ferveur de tous, de leurs proches, de leurs commanditaires, d'une ville entière parfois la chronique se souvient que la Maestà du grand Duccio traversa Sienne en procession, en triomphe, lorsqu'elle fut transportée de l'atelier de l'artiste au Dôme où elle devait prendre place; plus tard, Raphaël peignit les Appartements de Jules II dans un climat de vénération célébrative sans pareil; on dit encore que les amateurs de peinture assistaient Vermeer comme s'ils participaient à un office sacré.

Mais le droit d'Horace ne fut pas toujours perçu avec autant de sereine équanimité l'artiste souvent déconcerte ses contemporains, heurte leurs traditions, ébranle leurs convictions; c'est alors le scandale, le fameux scandale qui, une ou deux générations plus tard, affirme et cautionne à la fois la gloire de son auteur le coup d'éventail d'une impératrice sur la gorge d'Olympia valut à Manet les prémices de sa gloire posthume; l'évanouissement réprobateur d'une lady devant la Macbeth de Füssli déclencha en sa faveur l'estime jalouse de la gentry, on peut même imaginer que l'implacable message de Giotto aux Scrovegni de Padoue dut faire murmurer en son temps nombre de fidèles.

Louanges ou anathèmes, l'artiste et son ½uvre sont à la fois les catalyseurs et les révélateurs de notre société.

Quinze peintres majeurs, quinze ½uvres maîtresses, nous retiendront tour à tour ce semestre. Autant de clés pour aborder l'évolution des cultures, les mouvements d'idées des sociétés, les réactions des artistes, parfois amis, souvent rivaux, les tours et les détours de la critique, à travers six siècles d'histoire de notre conscience occidentale.

Le génie des lieux

"Aux peintres et aux poètes appartient un droit toujours égal à tout oser", déclarait Horace, il y a près de deux mille ans.

Il est des lieux "habités", nul n'en disconviendra. Les fêtes astrologiques de la Salle des Mois au Palais Schiffanoia de Ferrare, les allées de sphinges muettes des jardins de la Villa d'Este à Tivoli, ou, plus loin, les pavillons précieux de la résidence de l'empereur Qianlong à la Cité Interdite de Pékin, sont peuplés de génies dont le visiteur d'aujourd'hui, flânant au gré de ses pensées, ressent parfois la présence et les pouvoirs.

Pouvoir du rêve, pouvoir de l'enchantement, pouvoir de l'illusion... C'est ici un jet d'eau, puissant comme une colonne, qui soutient au milieu des cascatelles une couronne de bronze doré portant la flamme fragile de onze bougies; c'est là un salon d'honneur à l'ordonnance classique, dont tout un pan s'effondre par le miracle du trompe-l'½il, apocalypse pour faire sourire; là encore, c'est un jeu de miroirs brisés, enchâssés dans l'or des stucs, qui distord la réalité, la brise, la fragmente, la recompose à son gré, la renvoie à l'infini.

Alors s'éveille le génie des lieux, lutin qui sourit de notre désarroi, rit de nos appréhensions, et se délecte de notre plaisir.

Pour que naisse le lutin, à l'instar de la mandragore des vieux contes, il a fallu l'union "alchimique" d'un commanditaire inspiré, empereur, prince, cardinal, margrave comme tous ceux dont Voltaire aimait à se gausser en se levant de leur table, ou tout simplement milliardaire, et d'un artiste, d'un maître d'½uvre visionnaire à qui ne résistent ni les lois de la perspective, ni celles de la gravité, un faiseur de miracles, somme toute, un magicien.

Certains de ces lieux existent encore, et ont su préserver leurs sortilèges. C'est à en découvrir quinze que nous vous invitons ce semestre.

De la Renaissance à nos jours, de la proche Bavière aux confins de l'Inde et de la Chine, nous retrouverons d'étape en étape le sublime privilège de rêver.

La renaissance européenne

Etrange concept que celui de "renaissance"...Ambigu surtout, à la fois rassurant et inquiétant rassurant en ceci qu'il englobe un champ de recherches, d'intuitions, d'illuminations tel que l'homme occidental, jusqu'à celui du XXe siècle, demeure persuadé d'y avoir une fois pour toutes forgé son identité; inquiétant aussi, car à parcourir les musées, à percevoir les paradoxes que suscitent certains dialogues d'½uvres, on prend aussitôt conscience de sa fragilité même.

Rien n'est plus solaire que le sourire de la Joconde; rien n'est plus lunaire, nocturne et mystérieux que celui de la Vénus de Piero di Cosimo. Et pourtant, tous deux ont été peints la même année, ou presque.

C'est sans doute par de tels paradoxes que la Renaissance affirme sa grandeur.

Quinze chefs-d'½uvre, peintures, sculptures, pièces d'orfèvrerie, nous serviront de guides chacun d'entre eux révélera un aspect privilégié de notre approche.

Ainsi, la Cité idéale de Piero Della Francesca rompra le silence de ses places désertes pour nous parler de perspective; la parure des Deux Courtisanes de Carpaccio illustrera le goût qu'a développé la Venise des doges pour les fastes de l'Orient; et la salière que Benvenuto Cellini offrit à François Ier sera l'emblème de ce primat qu'accordèrent alors les artistes au vertige, au délire de l'ornement.

Nous parcourrons ensemble les villes où se forgea l'"homo novus", l'homme nouveau, Mantoue, Ferrare, Vérone, Parme, Venise, Florence, Rome; nous y évoquerons la superbe des princes-mécènes, législateurs, tyrans ou condottieri, les Gonzague, les Este, les Farnèse, les Médicis; nous rencontrerons à leurs côtés ceux qui ont assuré leur immortalité, Mantegna, Botticelli ou Bronzino; et au passage, nous nous arrêterons aussi bien aux ½uvres illustres qu'ils leur dédièrent, telles les Batailles de Paolo Uccello, qu'à d'autres plus secrètes, plus obscures, comme ces Sibylles de la Casa Romei à Ferrare que, dit-on, Lucrèce Borgia aimait à interroger lorsqu'elle venait chercher refuge en ces lieux apaisés.

Il y a plus d'un siècle déjà que l'on interroge la Renaissance. Mais après les travaux magistraux de Jacob Burckhardt, de Bernard Berenson, de Roberto Longhi, d'André Chastel et de tant d'autres, nous gardons la certitude qu'elle a beaucoup à dire encore.

Les voies oubliées

Il y a des événements qui ont fait l'histoire l'unification du subcontinent indien sous l'égide de l'empereur Ashoka au IIIe siècle av. J.-C., par exemple, l'ouverture de la Route des Chevaux, future Route de la Soie, par Wu-di, souverain des Han, juste avant notre ère, la bataille d'Actium, la rencontre du Camp du Drap d'Or, ou encore la Déclaration solennelle des Droits de l'Homme, le 26 août 1789. Il y a des hommes qui ont façonné notre conscience Confucius, Bouddha, Platon, saint Augustin, Leibniz, Newton et, plus près de nous, Tagore, Einstein, Bohr.

Il y a des œuvres d'art qui ont frappé notre regard au point de métamorphoser notre perception de la réalité les frontons de Phidias au Parthénon, la Descente du Gange gravée sur le granit de Mahabalipuram par les Pallava, les fresques de Giotto aux Scrovegni de Padoue, les Ménines de Vélasquez, jusqu'aux Demoiselles d'Avignon de Picasso, qui marquèrent en 1907 la naissance de l'art moderne.

Evénements, hommes et œuvres ont donc bâti l'Histoire; mais l'œuvre, et plus précisément l'œuvre d'art, n'est-elle pas le révélateur le plus complexe et le plus fidèle à la fois de nos mutations? Il y a dans les bas-reliefs du temple d'Amon à Karnak toute la foi immuable de l'ancienne Egypte; dans le Jugement Dernier de Michel-Ange à la Sixtine, toutes les angoisses, les tourments, les ombres et les espoirs de la Renaissance en crise; et jusque dans l'Arche de la Défense, tous les défis de notre siècle.

Mais il y a aussi des ½uvres plus secrètes, des lieux plus retirés; ceux-là sont le plus souvent laissés de côté, gommés, comme si l'on s'effarouchait de la singularité même du message qu'ils proposent.

Ainsi en Chine des centaines de milliers de visiteurs parcourent chaque année les terrasses, les cours et les pavillons de la Cité Interdite, éblouis par la splendeur sacrale que surent déployer là les derniers Qing; mais personne, ou presque, ne se rend à Chengde, proche pourtant, où des temples obscurs, oppressants, laissent sourdre toutes les inquiétudes de la dynastie. En Inde, on se bouscule à Udaipur pour se fondre un instant dans ce rêve de marbre blanc sublimé par le reflet des eaux; et l'on ne s'arrête pas à Orchha (mais où est Orchha?), aride peut-être, sévère sans doute, mais si révélatrice de l'âme profonde des Rajputs, qui refusèrent farouchement toutes les afféteries du goût régnant à la cour. On se sent prêt à toutes les concessions pour partir à la découverte du site divin d'Angkor, et l'on oublie ces temples que les Khmers élevèrent au long des plaines de l'actuelle Thaïlande et du Laos, temples passionnants pourtant, en ceci qu'il fallut y remodeler le visage des dieux pour répondre à la fois au dogme des conquérants et aux croyances séculaires de leurs sujets.

Ce semestre-ci, nous explorerons ensemble quelques-unes de ces vallées retirées où l'Histoire a su se faire oublier.

Un texte de 2004 mais qui reste une bonne introduction du projet World Art Treasures

1994-2004: Vers une nouvelle vision - René Berger (1915-2009)

C'est peu dire qu'une nouvelle vision est en train de naître, si l'on n'ajoute aussitôt que, pour la première fois, c'est d'une vision authentiquement universelle qu'il s'agit. Elle ne procède en effet pas de celles que lui ont imposé les différents empires, égyptien, romain, chinois, voire napoléonien, fondées sur la toute-puissance, pas plus que sur celles issues des hégémonies religieuses, poly ou monothéistes; elle échappe aux idéologies politiques, au marxisme-léninisme dont on a cru un temps qu'elles allaient dominer le monde, tout comme elle échappe à la vision néolibéraliste, compagne de la mondialisation et de la globalisation fondées sur la seule économie de marché. On pourrait encore alléguer, à un autre niveau, les visions issues de la science, telles que le rationalisme de Galilée et de Descartes, alliées aux découvertes techniques, dont l'invention de l'horloge a si longtemps accrédité une vision mécaniste du monde, encore fortement présente dans le réductionnisme dont commence seulement à se libérer notre époque. La nouvelle vision dont je parle échappe à ces Weltanschauungen "traditionnelles". Aussi paradoxal que cela puisse paraître, cette nouvelle vision se constitue en effet, non par des représentations ou des contenus nouveaux, mais par un processus d'émergence difficilement cernable, non par manque d'information, mais parce que l'information elle-même est en pleine mutation.

Circonstanciellement se trouve à l'origine un homme, Tim Berners-Lee qui, consultant au CERN, rêve d'un instrument, le WEB, qui pourrait mettre en rapport, non seulement les militaires, les scientifiques ou les universitaires, ce qu'avaient déjà assuré les premiers développements d'Internet, mais l'ensemble des hommes, d'individu à individu, de groupe à groupe, n'importe où et n'importe quand dans le monde : "The fundamental principle behind the Web was that once that someone somewhere made available a document, database, graphic, sound, video or screen at some stage in an interactive dialogue, it should be accessible (subject to authorization of course) by anyone, with any type of computer, in any country. And it should be possible to make a reference - a link -to that thing , so that others could find it." (Weaving the Web, Orion Business Books, 1999, p.40). Et l'auteur de souligner expressément la portée philosophique de son entreprise : "This was a philosophical change from the approach of previous computer systems." ( ibid. ) (c'est moi qui souligne) .

Le projet est si neuf, aujourd'hui encore, qu'à l'époque déjà Tim Berners-Lee n'hésite pas à souligner : "Getting people to put data on the Web was a question of getting them to change perspective, fom thinking of the user's access to it as interaction with, say, an online lbrary, but as navigation through a set of virtual pages in some abstract space. (c'est moi qui souligne).

C'est donc l'interaction des "usagers" entre eux et de la technique qui constitue, non pas le contenu de la vision mais, ce qui est beaucoup plus important, la raison d'être et les conditions de réalisation de celle-ci comme processus vécu.

Il s'ensuit encore, conséquence difficile à comprendre, encore plus à accepter, en particulier par les autorités de quelque nature qu'elles soient, que le WEB, non pas se soustrait à tout contrôle, comme d'aucuns l'ont très vite soupçonné de faire et, partant, condamné, mais qu'il y échappe par sa nature et sa vocation même : "There was no central computing "controlling" the Web, no single network ... not even an organization anywhere that can "ran" the Web. The Web was not a physical "thing" that existed in a certain "place". It was a "space" in which information could exist. (ibid p.39) (c'est moi qui souligne).

Ainsi le Web ne se confond pas avec une base de données, quelque gigantesque qu'elle puisse être. Même s'il peut se prêter à tous les usages classiques en les augmentant grâce à son pouvoir de calcul exponentiel, il ne se réduit jamais, il ne faut pas craindre de le répéter, tant les habitudes mentales sont tenaces, à n'être que le prolongement des structures traditionnelles. En un mot, il est toujours en voie de réinvention.

Encore faut-il des guetteurs pour s'en aviser. C'est ce rôle qu'assume le Flash Informatique de février 1994 dans lequel Jacqueline Dousson s'interroge : Mosaic, vers une nouvelle culture? "Imaginez, écrit-elle, vous êtes devant votre écran, vous cliquez et vous lisez le dernier bulletin du Pittsburg Supercomputing Center, vous recliquez et vous consultez les ouvrages de l'éditeur O'Reilly, reclic et vous voilà au MIT... C'est une réalité, aujourd'hui, vous pouvez accéder à tout cela, et à bien d'autres choses encore... ". Et de signaler le rôle décisif de Mosaic, développé par le NCSA (National Center for Supercomputing Applications in Champaign-Urbana), l'un des premiers navigateurs à avoir mis le WEB à la disposition du grand public. Question finale : "Et l'EPFL dans tout cela ? Car si l'EPFL est déjà en train de se mettre en forme (http://www.epfl.ch/ pour les initiés )... le but à atteindre est que, de n'importe quel point du globe, relié à Internet, l'on puisse connaître ce qu'est l'EPFL, ce qu'on y fait, qui contacter. "

Personne n'aurait pensé, sans doute même pas l'auteur de l'article, paru, rappelons, en février 1994, il y a tout juste 10 ans, (à preuve son expression "pour les initiés", c'est moi qui souligne ) que la "nouvelle culture", annoncée avec un point d'interrogation, allait non seulement se développer, mais faire basculer la planète entière dans l'explosion des réseaux sans cesse plus nombreux, sans cesse plus performants. Personne n'aurait pensé...C'était sans compter avec Bill Gates ! : "The emergence of Mosaic and the World Wide Web is the most exciting development in a decade", écrit l'"International Herald Tribune" dans son numéro du 3 novembre 1994 , en ajoutant avec une lucidité hors pair : "Microsoft has already begun to purchase reproduction rights to the masterpieces of the museums all over the world to produce specific CD-ROMs on art (among others those of the "National Gallery of London". The openness of INTERNET through WWW is one way; the commercial way of Microsoft is another. At this point, it is not to me to judge; both are surely shaping our future, but questions are raised and initiatives should be taken."

C'est à dessein que je souligne cette phrase capitale. L'avenir d'INTERNET va se jouer sur une orientation d'une nouvelle complexité, qu'on ne saurait réduire sans dommage au seul marché commercial.

Coïncidence étrange et douloureuse, notre fils Jacques-Edouard Berger, né en 1945, est brusquement enlevé par une crise cardiaque à la fin 1993. Au cours de sa vie trop brève, entièrement consacrée à l'art, il fait de nombreux voyages, pratiquement dans le monde entier. Tout en rassemblant des oeuvres d'art qui sont devenues sa collection personnelle, il conduit pendant des années des groupes sur le chemin des civilisations anciennes auxquelles il était particulièrement attaché, l'Egypte, la Chine, l'Inde, le Japon, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, à quoi s'ajoutent ses très nombreux périples tant en Europe qu'aux Etats-Unis.

Tout en partageant ses découvertes et sa passion avec les autres, il n'a cessé de photographier les lieux et les oeuvres qu'il aimait. A preuve l'impressionnante collection de plus de 100.000 diapositives qu'il a réunies et dont il tirait la matière de ses cours, de ses conférences, de ses publications : "L'oeuvre, et plus précisément l'oeuvre d'art, n'est-elle pas le révélateur le plus complexe et le plus fidèle de nos mutations?"

C'est alors qu'alertés par les perspectives du WEB, nous commençons à l'EPFL en juin 1994 avec Francis Lapique le site A la rencontre des trésors d'art du monde, World Art Treasures en précisant d'entrée de jeu : " Tirant parti de la spécificité multidimensionnelle du réseau, notre propos est de jeter à la fois une nouvelle lumière sur l'art et la façon de le contempler. A la différence de la manière habituelle, qui consiste surtout à établir des banques de données dans une perspective historique ou documentaire, notre ambition est de concevoir et de réaliser une approche originale pour chaque parcours en prenant en compte et en soulignant à chaque fois un trait particulier afin non seulement de fournir de l'information, mais de susciter une expérience nouvelle en accord avec la nouvelle technologie". Il s'agit, non pas de faire pièce à Bill Gates, ce qui serait aussi présomptueux que dérisoire, mais de montrer qu'Internet et le Web comportent de multiples voies potentielles et donc que, à côté de l'impératif économique qui guette, les valeurs spirituelles et artistiques ont leur chance et leur place dans les réseaux.

Le premier "programme" est mis sur Internet en juillet 1994 déjà, peu de temps après l'émergence du WEB et du navigateur Mosaic. Il est consacré à un aperçu des principales expressions artistiques (Egypte, Chine, Inde, Japon, Laos, Cambodge, Thaïlande). Le deuxième programme, Pèlerinage à Abydos, se propose de fournir via Internet l'équivalent du pèlerinage entrepris il a quelque 3000 ans par Séthi Ier pour ériger à Abydos le temple qui porte son nom, l'un des hauts lieux de l'Egypte ancienne, pèlerinage accompli à son tour nombre de fois par Jacques-Edouard Berger et auquel il a consacré une étude dans son livre Pierres d'Egypte. L'enjeu du traitement informatique est de tenter de reconstituer l'itinéraire même du pèlerin, non seulement abstraitement et intellectuellement, mais "spirituellement" et "existentiellement", pourrait-on dire, en ménageant des étapes réglées à partir de la première salle à ciel ouvert jusqu'au sanctuaire secret habité par Osiris, Isis et Horus. Autrement dit, le "pèlerin" est invité à retrouver le sens de l'initiation, non pas simplement au moyen d'explications faites avec des mots ou proposées par des illustrations, mais en accord avec l'expérience intérieure qui s'accomplit virtuellement d'étape en étape sur son écran. Le paradoxe de l'entreprise, c'en est un, voulu et de propos délibéré, consiste donc à fournir via l'électronique un cheminement proche de l'expérience spirituelle réelle, comme si le réseau, en s'affranchissant de l'espace fixe, tout au moins de la primauté de l'espace dans lequel s'inscrivent traditionnellement signes et images, libérait le temps dans la fluidité du parcours initiatique, comme si le sentiment du sacré devenait perceptible, tout au moins l'approche du sentiment. Partage inaugural puisque que suivront bientôt Portraits du Fayoum (janvier 1995), Sandro Botticelli (mai 1995), Un regard partagé (décembre 1995), Jardins enchantés de la Renaissance (mars 1996), Vermeer (juin 96), Angkor (mai 1997), Vertige Divin (mai 97) Georges de La Tour (septembre 1997), Borobudur (décembre 1997) , Le Caravage ( mars 1998) , pour citer les programmes qui appartiennent à une période déjà historique quant aux dates et à l'avancement de la technique. Coïncidence non moins surprante et attachante, cette entreprise novatrice va bénéficier dès le début d' une collaboration amicale aussi généreuse que diverse qui porte entre autres sur la numérisation de plusieurs milliers de diapositives, sur leur légendage progressif, sur la recherche et la vérification des sources et, plus récemment, les progrès des logiciels aidant, sur la mise sur Internet de conférences où l'on retrouve, avec la voix de Jacques-Edouard, les sujets qu'il avait choisis ainsi que, plus d'une fois, les commentaires de certains voyages. Sans compter le travail généreux et dévoué des membres du Comité de Fondation, et celui des aides occasionnelles qui lui ont été assurées. C'est ainsi que se présente le site en ce début de l'année 2004 : FONDATION JACQUES-EDOUARD BERGER: Rencontre des Trésors d'Art du Monde

Le fondement de la mutation en cours doit être cherché dans le changement de la nature du lien. Aucun être, aussi simple, aussi complexe, soit-il, ne subsiste ni ne peut subsister isolément. Les liens sont la condition même de notre existence, de toute existence. Liens endogènes, qui relient entre eux les composants d'un organisme; liens exogènes qui relient les êtres entre eux avec leur environnement. Le principe moteur du lien, ce qui en constitue à la fois l'inspiration, la manifestation et la réalisation, revient à ce que l'on peut appeler le phénomène d'activation. Autrement dit, le lien existe dans la mesure où il est activé, c'est-à-dire vécu dans la relation d'un sujet avec un "objet" (chose ou être), ou, plus exactement, dans leur interaction.

Or le propre du Web est, rappelons-le, de permettre d'établir un lien d'un bout à l'autre de la planète, du fond de la mémoire la plus lointaine aux nouvelles les plus récentes du jour, avec quiconque, immédiatement, partout. Voici donc que la connexion vécue en temps réel instaure un imaginaire qui, au lieu de s'en remettre en priorité aux références, comme nous le faisions habituellement jusqu'ici, se forme au fur et à mesure que le lien s'exprime. Au lieu donc de s'en remettre aux instruments, aux méthodes et aux techniques classiques, par exemple l'histoire de l'art et les livres qu'elle produit, le WEB permet de créer un champ multimédia dans lequel on peut à la fois se plonger et intervenir. C'est probablement l'un des apports significatifs de World Art Treasures. L'aventure à laquelle participent ceux qui en ont pris l'initiative ne cesse de s'enrichir et de s'approfondir. Peut-être même n'est-il pas exagéré de dire Jacques-Edouard, physiquement disparu, non pas "revit" au sens courant du terme, mais connaît une sorte de "cyberexistence" que nous partageons nous aussi. Ce qui laisserait entendre que dans notre monde en changement accéléré, de nouvelles dimensions émergent N'est-ce pas ce qu'annoncent à leur manière les jeunes qui suivent notre aventure sur Mars : "But now young people are saying maybe we all go into space but we go mentally, virtually, electronically. We don't go with our bodies. As the technology gets better the virtual reality could ge quite profound." (Herald Tribune, January 28 , 2004). L'homme à venir ne peut être que l'homme du devenir, et l'homme du devenir ne peut advenir que s'il se lie aux autres dans l'instance d'une action étroitement associée aux possibilités croissantes des nouvelles technologies.

RB (janvier 2004)

Fondation J.-E. Berger

SSSWorld Art Treasures

Collection J.-E. Berger (inv. 315)
Masque de sarcophage
Nouvel Empire, XVIIIedynastie
Bois stuqué polychromé

Jacques-Edouard Berger (1945-1993), conférencier, organisateur et accompagnateur de voyages culturels a constitué (autour des années 70-90) un fonds photographiques de quelques cent mille images dont il tirait la matière pour ses conférences intitulées Pour l'Art . Collectionneur, il a également rassemblé des œuvres qui sont devenues sa collection privée. Cette collection, actuellement en prêt au mudac (Lausanne - Suisse), rassemble des objets d'Egypte, d'Inde et Indonésie, du Japon, Népal, Tibet, Cambodge, de Chine, Birmanie et Thaïlande.

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