CONCOURS DES ANCIENS COLLEGIENS
1959

GEORGES DE LA TOUR

JACQUES-EDOUARD BERGER VeA

 

QUELQUES MOTS D'INTRODUCTION

J'ai reçu la révélation de La Tour par un livre que m'a donné un ami. Emballé, je me promis d'en tirer parti, mais comment ? Un jour, comme papa feuilletait la brochure des concours du collège et me disait que je devrais en faire un, j'eus l'idée de présenter un travail sur La Tour.

Le lendemain déjà, papa m'apportait l'ouvrage de Pariset. Je possédais celui de Marcel Arland, et je reçus le "Jamot" d'un ami parisien.

C'est à ce moment et ainsi parés que nous partîmes pour Paris nous installer dans l'appartement d'un ami. La bibliothèque, très moderne et très complète, comprenait ce qu'il y a de plus beau en art et en littérature. Ainsi j'y ai pris un livre d'histoire tout nouveau et, pour les citations, quelques livres de la Pléiade que je me plaisais à parcourir.[...]

Maintenant que la partie de pure compilation était terminée, je commençais les études d'oeuvres.

Le matin, je partais avec papa pour le Louvre. Après quelques difficultés avec la caissière (il y avait foule) j'entrais, pris entre deux visites guidées. Des exclamations, des appels pressants en toutes langues s'entrecroisaient dans la Grande Galerie. Des centaines de pieds martelaient le plancher à des cadences différentes, le bois craquait, on appelait, les touristes suivaient; derrière mon dos, on disait "C'est beau!" en toutes langues; costumes, couleurs et bruits léchaient les tableaux encore impassibles. [...]

Mais moi, seul, j'essayais en vain de rassembler mes idées qui s'échappaient de droite et de gauche, pour suivre soit un ecclésiastique, soit un Hindou... Puis je fis un sérieux effort.

Rentré à la maison avec les notes prises, je les mettais à jour dans un cahier de brouillon, puis je les recopiais sur ces feuilles volantes. Ainsi trois fois...

L'illustration, nous la cherchâmes, maman et moi, chez les marchands de cartes postales, chez Giraudon et chez Viollet. Nous avons éliminé, comparé et fouillé de grandes heures. Quand nous avions trouvé le mieux, nous rentrions et mettions en page. Petit à petit, le travail prit forme, page à page.

Ainsi, j'ai appris à regarder une oeuvre de très près et seul. J'ai vu ce qu'était le problème de la mise en page, et du plan de travail. En plus, en feuilletant livres ou catalogues, j'ai regardé attentivement de nombreuses oeuvres. Mais ce qu'il me reste, c'est surtout ce travail, et en plus un magnifique souvenir.