Plus encore que les précédents, ce dernier tableau de notre série d'ouverture appelle le souvenir du Caravage. Un Caravage qui aurait connu Vermeer ! Le personnage de Sainte Irène, dans cette implacable droite du corsage, dans la beauté de ce front immensément développé, nous suggère un peu de ce monde fascinant et magique du maître de Delft.

Cinq personnages en pied occupent cette composition, la plus vaste élaborée par Georges de La Tour. C'est cette mise en scène en particulier qui fait encore penser au Caravage, et notamment à la mise au tombeau.

Georges de La Tour ne s'installe pas dans le réalisme cru que permettrait ce sujet. Avec la sobriété d'un Zurbaran et le sens de la lumière d'un Rembrandt il signale le drame : une seule flèche et une seule goutte de sang. Une ombre aussi, comme sur un cadran solaire, pour dire l'irrémédiable trajectoire du destin.


Pour terminer cette introduction qui évoquait la confusion et la dispersion, quelques remarques méritent encore votre attention. Il faut savoir par exemple, que Georges de la Tour a traité plusieurs fois le même sujet. Il existe ainsi deux versions presque totalement identiques du Saint Sébastien. Celle-ci, qui provient de la petite église de Bois-Anzeray, dans l'Eure, a été acquise en 1981 par le musée du Louvre. L'autre, considérée aussi comme une oeuvre authentique de de La Tour est conservée au Staatliche Museen de Berlin.

Cette multiplication des oeuvres, le manque d'informations pour leur datation, ne permettent pas de fournir une chronologie sûre. Les études de style, de thèmatique, les recherches par radiographie, les analyses chimiques fournissent des indices sans donner de certitudes. La suite de ce programme va continuer de se développer sans tenir compte de ces éléments. D'autres préoccupations peuvent guider notre visite.