Une première dynastie, les Xia, se serait imposée aux alentours de 2200 avant J.-C.. Pour l'heure, elle reste du domaine de la légende, car elle n'a laissé aucun écrit. Mais certains vestiges mis au jour près de Luoyang (fondations de deux palais ou temples à Erlitou, couteaux et vase de bronze imitant la poterie) témoignent d'une technique déjà élaborée qui n'est plus celle du Néolithique. On peut donc dire que la première dynastie attestée est celle des Shang (1600-1100).
Établis dans le bassin du Fleuve Jaune, ils ont fondé leur puissance sur la métallurgie du bronze (l'étain et le cuivre abondaient à proximité des sites de Yanshi, Erlitou et Zhengzhou). Le pouvoir était détenu par des rois, des guerriers, mais les devins devaient jouer un très grand rôle, ainsi qu'en attestent la découverte de milliers de tablettes divinatoires. Ces tablettes, des os et des écailles de tortues, mises au contact d'un fer rouge se fendaient, et la direction ou l'écartement des fissures étaient interprétées. La question posée à l'oracle ainsi que sa réponse étaient transcrites sur le support lui-même. Ces "documents" nous ont fourni de précieux renseignements sur cette époque, en particulier la liste des 11 souverains Shang. Si le matériel découverts dans les tombes royales a révélé toutes sortes d'objets de jade, des céramiques et même de nombreuses statuettes zoomorphes de marbre blanc, la floraison des bronzes - vases rituels, cloches, équipements de cavaleries, miroirs, hallebardes, haches, pointes de flèches - est telle qu'elle marque d'un sceau indélébile toute cette période. Objets de vénération dès le Xe s., collectionnés et copiés sous les Ming, les vases furent longtemps attribués à la dynastie Zhou (env 1100-256 av. J.C.), tant paraissait improbable qu'une telle perfection ait pu être atteinte à une époque aussi reculée. Il fallut attendre les travaux de l'Academia sinica de Pékin en 1928 sur le site d'Anyang (la dernière capitale des Shang) pour que leur origine soit définitivement certifiée (XIIe et XIIIe s.). Les méthodes de fonte variaient selon les objets. Ainsi, les armes étaient coulées dans des formes de céramique bivalves ; pour les vases rituels, un procédé complexe de moules à sections, que l'on ne trouve qu'en Chine était employé.
Les vases provenant d'Anyang marquent l'apogée de cet art qui n'a plus jamais été égalé et les années les ont revêtus d'une patine qui les rend inimitables. Mais plus intéressant - et ô combien plus mystérieux ! - que la technique, demeure pour nous la symbolique de leur décor. Deux styles se distinguent, l'un propose une ornementation couvrante où sur un fond de spirales angulaires s'inscrivent des motifs animaliers en relief (cigales, serpents, dragons unicornes, etc), l'autre reprend la même iconographie mais l'associe à un foisonnement de formes géométriques dont il est difficile de suivre le fil. Parfois, certains éléments prennent leur autonomie et composent d'autres motifs... Mais la principale énigme demeure le taotie, "monstre formel inspiré par le démon de la symétrie" selon J.L. Borgès, sorte de masque aux yeux énormes, dépourvu de mâchoire inférieure et dont les composants répondent à une représentation précise (le nez peut être une écrevisse, une cigale, de part et d'autre s'affrontent des oiseaux ou autres dragons). Terrifiant, le taotie éloignait les forces mauvaises et empêchaient qu'elles empoisonnent de leurs miasmes la nourriture contenue dans le vase, explique Jacques-Edouard Berger. Le taotie, parfois abstrait, parfois d'un réalisme terrible, va courir à travers tout l'art chinois et jusque sur les bibelots de la période des Qing (1644-1911). Quant aux types des vases, ils constitueront une des constantes de la syntaxe de l'art chinois. Pour n'en citer que quelques-uns : le ding et le li, sortes de chaudrons tripodes à anses droites que seule la forme des pieds différencie, le jue, une verseuse à vin, le guang, aiguière à couvercle, le kouei, large coupe à offrande sur socle, etc. Le travail du jade (déjà utilisé au Néolithique) est parfaitement maîtrisé (mais quels forets les lapidaires Shang utilisaient-ils ? mystère.) Outre quelques petites sculptures en ronde bosse, on a surtout retrouvé des couteaux, des lames de hache, des pendentifs, des plaques sculptées en formes d'animaux.
Les Shang seront supplantés par une tribu du Shanxi, les Zhou ; ceux-ci fonderont la dynastie la plus longue de l'histoire de la Chine puisqu'elle couvre 900 ans (1100-256 av. J.-C.). Une telle durée ne va pas sans bouleversements. Les Zhou occidentaux qui établissent leur capitale non loin de l'actuelle X'ian, devront au début du VIIIe s., sous la poussée des tribus du nord-ouest, se replier dans le Henan à l'emplacement de Luoyang (Zhou orientaux). Entre 770 et 473, époque dites des printemps et des automnes, les rivalités entre les principautés provenant des fiefs crées par les Zhou se traduisent en luttes incessantes qui aboutiront à la création d'unités politiques de plus en plus importantes d'où émergeront les protagonistes des Royaumes Combattants (début du Ve s. à 221). Une période on ne peut plus agitée mais qui bénéficiera d'un extraordinaire brassage d'idées. Si à ses débuts, l'art des Zhou dérive de celui des Shang, il acquiert relativement vite son originalité. Les motifs des vases de bronze vont tendre peu à peu à l'abstraction, les formes s'ornent de reliefs audacieux qui souvent imitent d'autres matériaux (corde, cuir, étoffes). Une poterie de grès à couverte préfigure les premiers céladons. Le mobilier des tombes s'enrichit de pièces profanes destinées à accompagner le défunt dans l'au- delà (on a retrouvé notamment des statuettes de soldats en bois polychrome) et dans de nombreux sites les jades rituels et funéraires abondent : attributs honorifiques et pièces destinées à protéger le corps du défunt notamment le fameux disque pi, symbole du ciel. Enfin, un nouvel esprit voit le jour sous l'influence de Confucius (début du Ve s.) et qui marquera l'évolution de toute la pensée chinoise.