Hasardons l'hypothèse : Vermeer n'a pas peint des scènes de genre, comme on aime à le répéter, en ajoutant, certes, d'un "pinceau génial", Vermeer a peint d'un bout à l'autre de son oeuvre les avatars de la perle et de l'oeuf, alchimie des origines et des fins. Perle, non pas ornement, Perle au singulier, avec majuscule, comme est singulier tout objet qui, distance existentielle abolie, atteint au Symbole, pulpe et source, Nombre et Matrice. Et voici que fruits, pain, cruches, coiffes s'engagent dans la métamorphose en même temps qu'ils l'accomplissent. Jusqu'aux visages, jusqu'aux bustes, jusqu'au ventre de la femme qui attend un enfant, (la femme du peintre ?), perle de chair où sommeille l'oeuf de la naissance, jusqu'aux yeux qui délient leur regard comme une graine, jusqu'aux tableaux dans le tableau, follicules frémissant de reflets et de couleurs, comme frémissent tapis et rideaux au rythme des mains des liseuses de lettres ou de la dentellière, papier et laine unis dans la même coulée opalescente.