Certaines toiles de Georges de La Tour ont été rapprochées de l'oeuvre du Caravage ou de Zurbaran. Quand on découvre celles qui ont été retrouvées à Albi, à mi-chemin entre l'Italie et l'Espagne, le rapprochement s'explique. Ce premier tableau, appartient à une série de 13 peintures, un ensemble qui fut jusqu'à la révolution accroché aux murs de la Cathédrale de cette ville. On y trouve d'évidents rappels du style du maître italien dans la description réaliste de la robuste humanité du personnage. Le même caractère vigoureux se manifeste dans un deuxième apôtre, Saint Jude Thaddée. Les deux personnages rappellent aussi bien le saint Matthieu que le saint Pierre du Caravage. Les mains sur le bâton du pèlerin, les ongles, un regard vif, une présence solide dans un tableau parfaitement agencé.

Ces deux oeuvres sont les seuls originaux qui restent de la série que Georges de La Tour réalisa pour cette commande. Elles appartiennent au début de la carrière du peintre et témoignent en faveur des historiens qui lui attribuent un voyage de formation en Italie. Mais cette influence n'est pas la seule. Quelques éléments de biographie dessinent un portrait bien flou de ce peintre revenu de l'ombre.

Un troisième apôtre existe. Celui-ci est au musée du Louvre, grâce à un emprunt national souscrit pour assurer son installation à Paris. Saint Thomas n'appartient probablement pas à la série d'Albi. Il est sans doute de facture plus tardive.